Ria

Descendant les premières marches, je remarquai Novan contre une arcade de la cuisine. La silhouette de Morgane sortant de la bibliothèque semblait énervée.

Elle demandait à Ria :

‒ Mais qu’est-ce qui ne va pas à la fin ?

L’elfe répondit sur les nerfs :

‒ Il y a que les troupes de Balth s’apprêtent à attaquer la cité d’Onyris. Et c’est à ce moment-là que tu ramènes Patricia.

Ayant passé la journée à être traitée comme une moins que rien, cela n’allait pas continuer ! Je répliquai sèchement, décidée à commencer une nouvelle vie où je ne me laisserai plus faire :

‒ Je ne vois pas le problème.

Elle me toisa de toute sa hauteur, méprisante :

‒ Nous allons porter secours à la cité. Et toi ? Tu vas faire quoi ? Rester ici à garder le manoir ?

Je commençai à réellement fulminer, je n’allais pas me laisser marcher sur les pieds par cette grande asperge chevelue !

‒ Je prends part à la bataille.

Elle rit :

‒ Tu ne sais pas te battre, tu ne serviras à rien. Tu te feras tuer au premier assaut.

Je n’étais pas venue sur cette planète pour recommencer une vie de fuite :

‒ Je ne sais pas me battre, tu as raison.

Elle sourit croyant avoir gagné, j’ajoutai :

‒ Je vais utiliser une arme que tu n’as pas l’air de maîtriser.

Elle me regarda droit dans les yeux, les siens froncés :

‒ Et qu’est-ce que c’est ?

Je ne pus m’empêcher d’esquisser un léger sourire en terminant :

‒ Le cerveau.

Elle voulut m’attraper par le col, j’esquivai facilement, ce qui la surprit et franchement, moi aussi. Renfrognée et atteinte dans son orgueil, elle me fusilla du regard et conclut :

‒ Ne comptes pas sur moi pour veiller sur toi !

Elle tourna les talons et partit se servir à boire dans la cuisine. Je m’affaissai un peu. J’avais réuni le peu de courage que j’avais récolté pendant autant d’années pour faire face à une elfe. Je me sentais vidée, mais fière d’avoir tenu.

Patricia _ Tome 1 _ Entre deux vies  ; chapitre : Lundi 10 février